Les thalassémies également appelées dans leur forme majeure anémie ou maladie de Cooley (Thomas Benton Cooley), sont des formes d’anémie héréditaire, faisant partie des hémoglobinopathies (anomalies qualitatives ou quantitatives de l’hémoglobine des globules rouges). Il en résulte une anémie assez importante. On observe également une hypertrophie de la rate et des déformations du crâne et des os longs. Le nom populaire connaît aussi la maladie de “maladie méditerranéenne”.

Même s’il existe deux types de thalassémie (alpha et bêta), en raison de la rareté de la première, les thalassémies “sans précision” correspondent, en fait, aux thalassémies bêta.

Les causes de la Thalassémie
Il s’agit de maladies génétiques qui affectent la production d’hémoglobine. Cette dernière est formée de quatre sous-unités, deux alpha et deux bêta, dans le cas de l’hémoglobine adulte (HbA). On parle d’alpha thalassémies ou de bêta thalassémies, selon le type de sous-unités atteintes.

Thalassémie alpha
Les alpha-thalassémies sont caractérisées par une déficience de la chaîne globine-alpha de l’hémoglobine. Elles affectent la synthèse des trois types d’hémoglobine : HbA, HbA2 et HbF, car toutes contiennent la chaîne alpha ; dans ces cas, la vie n’est possible que grâce à la formation de quantités importantes d’hémoglobine anormale constituée uniquement de chaînes dont la synthèse n’est pas entravée : l’HbH et l’hémoglobine de Barts.
Ces maladies rares ont une distribution ethnique localisée (certaines régions d’Afrique, d’Arabie Saoudite, d’Inde ou de Thaïlande).

Bêta-thalassémie
Les bêta-thalassémies, également appelées “maladies des globules rouges”, se caractérisent par l’absence de la chaîne β de l’hémoglobine. Seule la synthèse de l’HbA est entravée. Près de 200 allèles ont été décrits, concernant soit le gène de la chaîne β, soit, beaucoup plus rarement, des gènes régulateurs. Ils touchent chaque année 60 000 enfants à la naissance dans le monde.

Dans le monde
Le gène thalassémique est largement répandu parmi les populations occupant les rives de la Méditerranée (Thalassa = la mer en grec ancien), en Corse, en Italie, et en particulier dans le delta du Pô, en Sardaigne, en Sicile ; en Grèce, en Crète, à Chypre, au Liban, en Syrie et en Turquie. D’autres foyers (peut-être dus à un allèle différent) existent en Thaïlande, au Laos, en Inde, en Chine, aux Philippines et dans certaines régions d’Afrique.

Les fréquences les plus élevées (porteurs du gène) se trouvent à Chypre (14% de la population), en Sardaigne (10%) et en Asie du Sud-Est6. En raison des migrations et des croisements, le gène est présent dans toutes les régions du monde, chez 1,5% de la population mondiale (80 à 90 millions de personnes).

La prévalence globale de la β-thalassémie est estimée à 288 000 cas, dont 60 à 80 % nécessitent un traitement. L’incidence annuelle des cas symptomatiques serait de l’ordre de 1 pour cent mille habitants dans le monde et de 1 pour dix mille en Europe.

Aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, la prévalence est estimée à 15 000 cas, et 1 500 enfants naissent chaque année avec la maladie. Dans la plupart des autres régions (Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie), l’accès au traitement est limité et les patients sont exposés à un risque accru dès leur plus jeune âge.

Diagnostic de la bêta-thalassémie

La thalassémie se présente cliniquement sous trois degrés de gravité : majeur, intermédiaire et mineur.

Forme majeure
La thalassémie majeure est secondaire à une forme homozygote (deux allèles affectés de la même manière, sur les deux chromosomes) ou à une forme hétérozygote composée (un allèle déficient mais de manière différente sur chaque chromosome).

Le diagnostic est le plus souvent posé à l’âge de 6 mois à 2 ans. L’anémie est généralement microcytaire et hypochrome. Le taux d’hémoglobine peut être inférieur à sept g/100 ml.

L’électrophorèse de l’hémoglobine permet de poser le diagnostic en montrant un pourcentage constamment accru d’HbF alors que le pourcentage d’HbA2 est normal ou élevé.

L’hyper bilirubine libre est le témoin de l’hémolyse.

Forme mineure et intermédiaire
Ces formes regroupent les anémies modérées qui ne nécessitent pas de transfusions répétées.

Pour la bêta-thalassémie mineure : il n’y a pas de symptomatologie clinique. Cependant, il peut y avoir une légère splénomégalie. La biologie montre une microcytose sans anémie ou seulement modérée, une pseudo-polycythémie avec des globules rouges en nombre supérieur à 5 à 7 millions/mm, une hypochromie, et un taux d’HbA2 supérieur à 3,5%.

En cas d’anémie franche, il faut rechercher une cause aggravante et déterminer le statut martial pour faire le diagnostic différentiel avec une anémie ferriprive (pas de carence en fer dans la thalassémie).

Traitements
La thalassémie mineure est le plus souvent asymptomatique et ne nécessite pas de traitement spécifique. Le but du dépistage des hétérozygotes est d’identifier les couples à risque pour les informer et les prendre en charge (conseil génétique).

Les traitements définitifs
La greffe de moelle n’est proposée que dans les formes sévères.
Elle peut se faire par greffe de moelle osseuse allogène, avec un donneur de moelle : utilisée dans de nombreuses maladies du sang, notamment les leucémies.

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